Attraper un instant avec un filet à papillons. Le glisser dans une bouteille en verre. Le regarder voler et se heurter aux parois. L’extraire du récipient avec une pince à épiler. Le punaiser sur une petite plaque en liège. Observer à la loupe les nervures de ses ailes, la tessiture de sa peau, compter ses poils, radiographier son squelette, renifler son parfum. Ouvrir son ventre à l’aide d’un bistouri électrique, dénombrer les organes, dérouler les nerfs, les muscles, soupeser le foie, palper les poumons, repérer le cœur. Percer les ventricules avec une épingle. Planter une plume dans les trous. Pomper. Et puis essayer d’écrire.
Ce texte – qui apparaît dans la présentation de l’auteur à la fin du livre – colle parfaitement au récit de Nicolas Delesalle. Kolia, à l’approche de la quarantaine, est perturbé par les derniers mots de son grand-père : « Tout passe, tout casse, tout lasse. » Quelques mots et voilà que Kolia décide d’écrire à sa future petite fille, Anna (« appelons-la Anna pour mieux la voir »), pour qu’elle connaisse des détails de sa vie, ces petites choses qui ne restent pas après nous et pourtant qui en disent tellement de nous. Kolia revient alors sur un trajet de voiture en famille, ses amoureuses à plusieurs âges, sa première fois, le chien de son enfance, ils dissèquent tous ces instants, avec beaucoup de tendresse et un humour charmant.
Une petite bouffée d’enfance et d’innocence qui se savoure avec plaisir !
L’effort vrille le visage de mon père. Vient-il de tuer une famille de boas constrictors à mains nues ? Non, il a juste tondu la pelouse. Du point de vue des insectes, des pissenlits et des marguerites, c’est un génocidaire. Du point de vue des poissons rouges, c’est une colère du dieu des poissons rouges. D’un point de vue humain, c’est pas trop tôt.
Nicolas Delesalle, Un parfum d’herbe coupée
StoryLab, Avril 2013
tes extraits et ton avis me font le noter !!!
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Suis bien d’accord avec Lucie ! Très envie d’humer ce frais parfum d’herbe coupée ! 🙂
Il faut, il faut !